03 janvier, 2015

Le prisonnier belge sera euthanasié le 11 janvier

Les autorités belges pensaient ne pas annoncer l’euthanasie de Frank Van Den Bleeken, 51 ans, ce conduit par  minibus vers la section hospitalière de la centrale de Bruges vendredi prochain ; il devrait être euthanasié à la fin de sa « permission », dimanche. C’est ce qu’a annoncé une porte-parole du ministre de la justice Koen Geens au quotidien flamand De Morgen.
condamné pour viol et meurtre qui a obtenu de la justice le droit d’être transféré vers un hôpital carcéral, afin d’y obtenir une piqûre létale. Finalement, le prisonnier de Turnhout, a-t-on appris samedi, sera
La justice s’est en fait contentée d’approuver en référé la demande de transfert de 48 heures : la décision d’accorder l’euthanasie est d’ordre « médical » et ce sera son médecin qui décidera en dernière analyse.
En attendant, le prisonnier, très atteint sur le plan psychiatrique, profite de ses derniers jours de vie pour prendre congé de ses amis de détention.
Frank Van Den Bleeken avait demandé dans un premier temps un transfert vers un établissement carcéral spécialisé aux Pays-Bas pour y recevoir les soins psychiatriques requis par son état – il s’estime lui-même trop dangereux pour être remis en liberté – mais la justice belge avait décidé que le ministre de la justice, qu’il avait saisi de la demande, n’était pas compétent pour ordonner le transfert. Subsidiairement, l’avocat du prisonnier avait demandé qu’il puisse être placé en situation d’obtenir l’euthanasie, au motif que les souffrances psychiques du prisonnier étaient insupportables et sans aucun espoir. Il est en prison depuis près de 30 ans et n’a aucune perspective de libération.
Van Den Bleeken a été examiné par plusieurs psychiatres au cours de ces dernières années : sans se concerter, ils ont tous diagnostiqué une maladie mentale et affirment qu’il souffre terriblement de sa détention.
Ce qui constitue tout de même un aspect substantiel de la vie en prison : c’est bel et bien une « peine ». Mais l’absence de soins psychiatriques pour les détenus aggrave la situation. Et souligne en même temps que l’incarcération longue peut sembler bien plus cruelle pour les détenus que la peine de mort…
Depuis que Van Den Bleeken a obtenu la possibilité de se faire euthanasier, au moins quinze détenus ont demandé une « solution » semblable, et on s’attend même à une accélération de la demande une fois que l’acte aura été accompli.
Beaucoup de questions se posent dans ce dossier : quel est le degré de responsabilité pénale de ce malade de l’esprit ? Pourquoi ne reçoit-il pas de soins ? Physiquement, il n’est pas en fin de vie… L’euthanasie n’est-elle pas ici une sorte de solution de facilité, voire une peine de mort déguisée qui au fond arrange tout le monde ?
Que la société belge s’en accommode avec si peu d’émotion est sans doute le signe d’une « démocratisation » croissante de la mort choisie, fût-ce au moyen d’une hypocrisie qui l’arrange bien.
Les sœurs de Christiane Remacle, la jeune victime de Van Den Bleeken, battue, violée et étranglée à 19 ans, observent de leur côté que personne ne s’intéresse à la souffrance qui les consume depuis 1989, date du crime : une souffrance qui a eu raison de la santé et de la vie de leur mère, morte de chagrin. Le meurtrier mourra « paisiblement » et sans douleur, dans un lit, entouré de ceux qui l’aiment et d’un prêtre : rien de tel pour la victime que tous ont oubliée… Elles souhaiteraient pour leur part que l’homme reste en prison jusqu’à la fin de ses jours.

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