16 juillet, 2017

Le message de Benoît XVI pour les funérailles du cardinal Meisner, signataire des Dubia

Le cardinal Meisner et Benoît XVI, en une époque révolue
Lors des funérailles du cardinal Joachim Meisner le samedi 15 juillet à Cologne, un message de la main du pape François a été lu au cours de la cérémonie par le nonce apostolique en Allemagne, Mgr Nikola Eterović. Mais à la surprise générale, un deuxième message, émanant celui-là du pape émérite Benoît XVI, a été lu par le préfet de la maison pontificale et secrétaire particulier de Benoît XVI, Mgr Georg Gänswein. Cela a d'autant plus de poids que le cardinal Meisner  est l'un des quatre cardinaux qui ont présenté des Dubia au pape François à propos d'Amoris laetitia.

 Je vous propose ci-dessous ma traduction de ce message à la fois beau et émouvant, mais également riche  d'enseignement par les temps qui courent. Je vous laisse savourer ce texte – quel joie et quel plaisir intellectuel de traduire Benoît XVI ! – non sans vous signaler que le pape émérite évoque la foi profonde, la piété eucharistique, la vie de prière de ce cardinal qui a su comprendre « que le Seigneur n'abandonne pas son Eglise, même lorsque parfois le navire a tant pris l'eau qu'il est sur le point de chavirer ». Double leçon : notre pauvre Eglise semble au plus mal, mais Notre Seigneur Jésus-Christ ne l'abandonne point. Et un rappel : « L'Eglise se trouve dans la nécessité urgente de disposer de bergers convaincants qui puissent résister à la dictature de l'esprit du temps et qui vivent et pensent la foi avec détermination. » Il semble vraiment très, très difficile de ne pas faire le lien entre ces déclarations et la confusion doctrinale du pontificat actuel. — J.S.


« En cette heure où l'Eglise de Cologne et les fidèles venus d'au-delà de ses frontières sont rassemblés pour dire à Dieu au cardinal Joachim Meisner, je suis avec vous par le cœur et la pensée, et, accomplissant avec joie le souhait du cardinal Woelki, je désire vous adresser un mot de souvenir. 
« Lorsque j'ai appris la mort du cardinal Meisner mercredi dernier, je n'ai pas voulu y croire. La veille nous avions parlé au téléphone. Sa gratitude à propos du fait qu'il avait pu prendre quelques vacances après avoir participé à la béatification de Mgr Teofilius Matulionis à Vilnius le dimanche précédent (le 25 juin) était évidente au son de sa voix.  L'amour de l'Eglise des pays voisins à l'Est, qui avaient souffert sous la persécution communiste, ainsi que la gratitude que lui inspirait la résistance aux souffrances à cette époque-là, avaient marqué toute sa vie. De telle sorte qu'il n'y a pas pas de coïncidence dans le fait qu'il aura rendu la dernière visite de sa vie à un Confesseur de la foi dans ces pays-là. 
« Ce qui m'a particulièrement impressionné au cours de cette dernière conversation avec le cardinal à la retraite, c'est la joie déliée, la joie intérieure, la confiance qu'il avait trouvées. Nous savons que ce berger, ce pasteur passionné a trouvé difficile de quitter son poste, spécialement à un moment où l'Eglise se trouve dans la nécessité urgente de disposer de bergers convaincants qui puissent résister à la dictature de l'esprit du temps et qui vivent et pensent la foi avec détermination. Cependant, cela m'a d'autant plus ému qu'au cours de cette dernière période de sa vie, il a appris à lâcher prise et à vivre toujours plus dans la certitude profonde que le Seigneur n'abandonne pas son Eglise, même lorsque parfois le navire a tant pris l'eau qu'il est sur le point de chavirer. 
« Deux choses, dernièrement, lui ont donné toujours plus de joie et de confiance.
« 1.  D'abord, il m'a toujours redit la joie profonde qui le remplit à travers l'expérience du sacrement de pénitence lorsque des jeunes, surtout de jeunes hommes, vivent la grâce du pardon – ce don d'avoir véritablement trouvé la vie que seul Dieu peut leur donner. 
« 2. La deuxième chose qui l'a toujours touché et qui l'a toujours rempli de joie, ce sont les progrès discrets de l'adoration eucharistique. Lors des JMJ de Cologne cela avait constitué pour lui un point central – qu'il y eût une adoration, un silence où le Seigneur seul puisse parler au cœur. Certains experts en pastorale et en liturgie avaient pensé qu'un tel silence dans la contemplation du Seigneur ne peut s'obtenir avec une telle masse de gens. Certains étaient également d'avis que l'adoration eucharistique est en tant que telle dépassée, puisque le Seigneur veut être reçu dans le Pain eucharistique, et qu'Il ne veut pas être simplement regardé. Mais ce Pain ne peut être mangé comme un aliment quelconque ; « recevoir » le Seigneur dans le sacrement eucharistique requiert toutes les dimensions de notre existence – la réception doit être adoration : tout cela est désormais tout de même devenu très clair. Ainsi le temps d'adoration eucharistique lors des JMJ de Cologne est devenu un événement très intérieur qui n'est pas devenu inoubliable pour le seul cardinal. Ce moment lui est toujours resté présent intérieurement et a été pour lui une grande lumière. 
« Lorsque le cardinal Meisner, au dernier matin de sa vie, n'a pas paru à l'heure de célébrer la messe, on l'a trouvé mort dans sa chambre. Son bréviaire avait glissé de ses mains :  il est mort en priant, son regard tourné vers le Seigneur, en conversation avec le Seigneur. La nature de la mort qu'il lui a été donné de vivre redit encore une fois comment il a vécu : le regard tourné vers le Seigneur, et en conversation avec lui. Ainsi nous osons sans crainte confier son âme au bon Dieu. Seigneur, nous vous remercions pour le témoignage de votre serviteur Joachim. Permettez-lui d'être désormais un intercesseur pour l'Eglise de Cologne et pour l'ensemble de la terre ! Requiescat in pace ! »
 Benoît XVI
ADDENDUM : Le site benoit-et-moi propose également une traduction vers le français, visible ici,
et ajoute ce commentaire intéressant sur les omissions manifestement délibérées sur le site Il Sismographo :

« Un point qui mérite être souligné, car il confirme que les passages cités sont bel et bien dérangeants, c’est que « La voix de Sainte-Marthe », alias Il Sismografo, qui ne peut évidemment pas faire autrement que rendre compte du message de Benoît XVI, les censure purement et simplement. Le premier est carrément passé sous silence, et le second se limite à une allusion à la «joie intérieure [du cardinal Meisner] et sa confiance dans le Seigneur qui, disait-il, n’abandonnerait jamais son Eglise, même dans les heures les plus difficiles. » 
Benoit-et-moi commente également les allégations de faux auxquelles Marco Tosatti a répondu avec une joyeuse ironie (à lire ici).


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